De la friche à la forêt

Que peut-on attendre du développement de la friche des quais?

En l’absence d’intervention, sous nos climats, toute friche évolue vers un état boisé. Même si la durée de ce processus varie selon les contraintes du milieu, il faut environ dix ans pour que les premiers arbres émergent franchement des strates plus basses. Parce qu’il n’était pas possible d’attendre tout ce temps, D.Onatzky et A.Marco ont opté pour une stratégie mixte, réunissant artificiellement des éléments caractéristiques de différents stades d’enfrichement. Ainsi, outre ses qualités d’usage et d’agrément, ce projet propose une expérience écologique inédite.

La friche est un milieu dynamique, où les cortèges végétaux se succèdent. D’abord elle apparaît comme une prairie d’annuelles et de bisanuelles puis, petit à petit les vivaces herbacées viennent à dominer. Bientôt des arbustes pionniers occupent la place, offrant un couvert protecteur à de jeunes arbres. L’espace devient difficilement pénétrable: ce stade est dit de la friche armée. Finalement les arbres occupent tout l’espace et les autres strates évoluent vers une végétation de sous-bois. 

Dans son ensemble ce processus peut prendre un demi siècle. 

Pour l’accélérer, D. Onatsky et A. Marco ont installé ici des végétaux représentatifs de chacun des âges de la friche.

–  une strate herbacée composée d’annuelles, bisanuelles et vivaces qui caractérisent les premiers âges de la friche.  Parmi les espèces qui la composent ici, citons le chardon-marie, la vergerette du Canada, la morelle noire, l’inule visqueuse, la pimprenelle, le pavot cornu, l’armoise commune, le concombre d’âne, la mauve, la chicorée, la folle avoine, le mélilot officinal. Cette prairie est un paradis à insectes. 

–  une strate buissonnante qui s’installe en général assez rapidement, dès les premières années d’enfrichement. L’ensemble forme une sorte de nurserie (parfois très épineuse !) pour les arbres et arbustes. Ici, on trouve notamment: ronce, genêt d’Espagne, ajonc de Provence, églantier, lyciet. Toute une petite faune y trouve abri et nourriture.

–  des arbustes et petits arbres qui commencent habituellement à poindre après plusieurs années d’enfrichement (entre la 5ème et 10ème année). Ils renforcent l’effet nurserie et amorcent l’état boisé. Ici, on trouve: grenadier, arbre de Judée, prunelier, aubépine, nerprun, figuier, amandier, laurier, sureau, amélanchier, cornouiller… Certains ont été plantés après plusieurs années de culture en pépinière, d’autres sous forme de très jeunes plants (dits plants forestiers).

– quelques grands arbres dont la stature évoque déjà l’état boisé. Ici: féviers d’Amérique, ormes, frêne du Midi.

A partir de cette impulsion composée, le concept du projet intègre les hasards et les processus naturels, qui prendront au fil des ans une importance grandissante dans l’évolution de l’ensemble. Moins d’un an après les plantations on a déjà vu s’épanouir quelques cosmos échappés du jardin des rails voisin, et l’œil attentif peut déjà identifier plusieurs semis spontanés de grands arbres.

Alors, que peut-on attendre du développement de la friche des la place des quais? Bien sûr, on ne pourra pas parler de forêt ici, mais on peut espérer de jolis bosquets d’ici 5 à 10 ans, dont la composition exacte réservera certainement des surprises.

evolution ilots 2
Schémas d’évolution des îlots de la place des quais

 

Rappelons que si, à la Friche Belle de Mai nous comptons sur le processus d’enfrichement, dans d’autres circonstances, il pose un véritable problème et l’on cherche des moyens de l’enrayer, comme à Pampelonne,  sur la photo que nous avons empruntée au site du Conservatoire du Littoral. Nous reviendrons bientôt sur ces questions dans un article général sur la friche.

 

3506_751_155_5523
la pinède gagne sur les parcelles de vigne en déprise à Pampelonne – photo Conservatoire du littoral

5 réflexions sur « De la friche à la forêt »

Laisser un commentaire