ANDRE FANTON n’est pas un franc-tireur de la majorité. Député RPR du Calvados, il votera le projet de budget du gouvernement. Pourtant… Son point de départ: «Le gouvernement conduit de nombreuses réformes, mais rien n’y fait, avec le chômage, la morosité s’installe. (…) L’économie française est en panne.» Sa conviction: «Les problèmes monétaires ont une grande part de responsabilité dans nos difficultés… Cessons de ressasser les idées reçues… Les pays qui ont procédé à une dévaluation compétitive ne connaissent pas les jours difficiles que l’on nous avait annoncés.»
Après avoir mis en cause, en termes vifs, la prétention du gouverneur de la Banque de France Jean-Claude Trichet à imposer le silence en ce domaine et réfuter l’idée que l’entente franco-allemande obligerait à renoncer à toute autonomie de décision, il a ajouté: «J’ose affirmer que je préfère un franc dévalué à 1 million de chômeurs, et même à beaucoup moins.» S’opposant alors à l’affirmation selon laquelle seule la monnaie unique permettra le recul du chômage et l’amélioration de la compétitivité, il a déclaré: «Une chose est certaine: si, dès l’origine, la valeur de la monnaie unique est surévaluée, alors sa mise en oeuvre aura des effets dévastateurs. Qui peut croire que la construction européenne résistera à ce choc?» Pour lui, «le temps est venu d’ouvrir à nouveau le débat» car «rien ne serait pire que d’imposer aux Français et aux autres peuples d’Europe un bouleversement qui leur donnerait le sentiment qu’on leur a volé leur âme.»
Quelques heures plus tard, le député UDF Jean-Jacques Weber (Haut-Rhin) se déclarait sensible à ces propos car «je ne puis plus supporter le spectacle d’industries qui périclitent, de groupes qui procèdent à des délocalisations, d’un Etat incapable de donner une impulsion…»