LE Secours populaire français n’en est pas à sa première mission dans l’ex-Yougoslavie. En février 1993, le bilan se portait à 2.500 tonnes d’aide transportées par quelque 130 camions. Des dizaines de fédérations ont organisé des convois humanitaires en direction des camps de réfugiés situés en Croatie, Slovénie et Bosnie-Herzégovine. La Communauté européenne a été partenaire de ce vaste mouvement de solidarité. Ainsi, un nouveau financement de la CEE a permis d’acheminer 1.050 tonnes transportées par 53 camions jusqu’aux entrepôts de la Communauté, à Zagreb, en Croatie.
Cette première mission du Secours populaire dans la partie serbe de Bosnie avait donc une haute valeur symbolique. Certes, elle était avant tout exploratoire. Mais, en collaboration avec l’Association culturelle et humanitaire serbe de Bosnie, elle a permis l’acheminement de 19.000 litres de lait, 500 kilos de produits hygiéniques, 150 kilos de médicaments et 600 kilos de couches. Toute cette aide a été équitablement répartie dans une école de Zvornik (qui comprendrait, d’après les autorités, plus de 50% des réfugiés), les hôpitaux de Zvornik, Kasindo, Vogosca et Blajuy, ainsi qu’à la population réfugiée de Vogosca. A l’heure où les Américains parachutent des vivres dans les enclaves musulmanes, fallait-il apporter de l’aide côté serbe? La responsable de la mission n’a cessé de le répéter pendant tout le voyage: «Tout ce qui est humain est nôtre», c’est notre leitmotiv. Nous ne prenons pas de position politique. Nous sommes allés du côté bosniaque, nous venons aujourd’hui du côté serbe. Nous apportons de l’aide là où il y a des besoins sans a priori ethnique, religieux ou politique.» Même avis du côté du HCR de Genève: «On va partout où on peut aller. Partout où la population civile est victime des conséquences de la guerre, souligne Christiane Berthiaume, attachée à l’information du HCR. On aurait tendance à l’oublier: la souffrance est dans chaque camp.»
J.-L.B.