FERMETURE DE LA SAMOV Georges Chavanes, créateur de l'entreprise : « Le choix de la facilité et du manque de courage »

La Rédaction du DL - 11 mars 2010 à 06:03 - Temps de lecture :
Georges Chavanes, créateur de l'entreprise : « Le choix de la facilité et du manque de courage »
Georges Chavanes, créateur de l'entreprise : « Le choix de la facilité et du manque de courage »

Lalouvesc

Dire que l'annonce de la fermeture de l'usine de la Samov à Lalouvesc a été un choc pour Georges Chavanes serait un euphémisme (Lire nos éditions des 2 et 6 mars). L'ancien ministre et dirigeant du groupe Leroy-Somer fut à l'origine de la création de l'entreprise. Il en avait fait un symbole, celui des "usines à la campagne".

Quelle a été votre réaction quand vous avez appris

la nouvelle ?

« J'ai dit que c'était impensable d'arrêter cette usine compte tenu du symbole qu'elle représente, sans concertation, sans réflexion sur les conséquences. Il est évident qu'il y avait d'autres solutions. »

Dans quel contexte aviez-vous créé la Samov ?

« Je suis un peu originaire de Lalouvesc. Nous avions parlé de ce projet avec l'ancien maire et le boulanger, et nous nous sommes mis d'accord sur le principe en 1960, suite à quoi nous avons fait une collecte de capitaux auprès d'habitants du village. Nous avons ainsi réuni 200 000 francs, avant de construire l'usine en 1962. Pour moi, c'est une déchirure de savoir qu'elle va fermer. Ils ont tué un symbole, celui des usines à la campagne. C'est le choix de la facilité et du manque de courage. C'est à Lalouvesc que tout a été créé. »

En quoi consiste précisément ce concept des "usines à la campagne" ?

« L'idée de départ était d'associer la population afin de maintenir une activité dans les villages. L'agriculture n'offrant plus suffisamment d'emplois, il fallait favoriser l'implantation d'industries. L'artisanat et le commerce en ont besoin pour survivre. Sinon, c'est toute la France rurale qui était condamnée à mort. Or nous avons montré que nous pouvions faire travailler des gens à la campagne dans des conditions rentables pendant 50 ans. »

Ce fonctionnement est-il

encore viable aujourd'hui ?

« Bien sûr, les usines de Saint-Félicien et Devesset en sont la preuve. Mais il fallait tout faire pour sauver Lalouvesc. Il aurait suffi pour cela de réduire un peu l'activité dans la région lyonnaise, où il y a beaucoup d'emplois. Au lieu de ça, et c'est ce qu'il y a de plus grave, ils ont tué le symbole. Sans compter que cela va créer un problème énorme à Lalouvesc. On peut s'attendre à une chute de la population du village qui aura des conséquences graves. »

REPÈRESREPÈRESGeorges ChavanesGeorges Chavanes a dirigé pendant plus de 20 ans le groupe Leroy-Somer. Il a fondé la Samov en 1962, selon le concept des "usines à la campagne". Une idée qu'il a d'ailleurs détaillée dans un livre intitulé "Si on délocalisait en France ?".
Il a également fait une carrière politique, comme député de Charente et maire d'Angoulême. Il a surtout été ministre de l'Artisanat et du Commerce de 1986 à 1988.REPÈRESLa SamovLa SA mécanique outillage Vivarais (Samov) fabrique de petits moteurs électriques. Elle appartient aujourd'hui au groupe Leroy-Somer.Elle compte quatre sites : Lalouvesc, Devesset, Saint-Félicien, et Chazelles-sur-Lyon (Loire). Le site de Lalouvesc (assemblage des moteurs et siège social) compte environ 25 salariés.REPÈRESLe contexteFin février, la direction de la Samov a expliqué devant des salariés abasourdis que l'usine de Lalouvesc devrait ne plus rouvrir ses portes après les congés d'été, au mois d'août. Il n'est en revanche prévu aucun licenciement : les salariés iront à Saint-Félicien.