Oui, "la Camargue, le marais poitevin, Dunkerque et Bordeaux" pourraient être "sous l'eau" en 2050, mais…
LE VRAI DU FAUX - Jean-Luc Mélenchon a déclaré jeudi soir sur BFMTV que "la Camargue, le marais poitevin, Dunkerque et Bordeaux" seraient "sous l'eau" en 2050 "si on ne fait rien" contre le changement climatique. C'est vrai, mais ne tient pas compte des différences de protection et d'exposition au risque entre villes et zones agricoles.
Au cours de son débat contre Eric Zemmour, jeudi soir sur BFMTV, Jean-Luc Mélenchon a affirmé que "la Camargue, le marais poitevin, Dunkerque et Bordeaux" seraient "sous l'eau" en 2050 si rien n'est fait contre le changement climatique. Celui-ci entraîne en effet une hausse du niveau de la mer sous l'effet de la fonte des calottes glaciaires et d'une augmentation du volume de l'eau. "Sans diminution des émissions de gaz à effet de serre, on s'attend à une hausse d'environ 20 centimètres en 2050", indique le chercheur Benoît Meyssignac, co-auteur du rapport spécial du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) sur les océans et la cryosphère.
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Les projections du groupe de réflexion américain Climate Central vont dans le sens de Jean-Luc Mélenchon. Ces scientifiques ont élaboré une carte interactive à partir des données du Giec. Elle permet de visualiser les terres qui se retrouveraient sous le niveau des mers en 2050, en fonction de différentes trajectoires d'émission. Résultat : en suivant le chemin actuel des émissions, les régions citées par Jean-Luc Mélenchon apparaissent bien en rouge. Elles se situent aussi sous le niveau d'une crue dite "modérée", ayant 10% de chance d'être dépassée chaque année. Jean-Luc Mélenchon mentionne d'ailleurs le chiffre d'"un million de Français inondés chaque année", qui provient également d'une étude de Climate Central en 2019.
Les zones agricoles très vulnérables, les villes mieux abritées
Mais si le candidat à la présidentielle force le trait pour appuyer son propos, cette carte ne doit pas être surinterprétée. Tout d'abord, elle ne tient pas compte des barrières naturelles ou artificielles aux vagues. En France, des cartographies plus précises sont établies par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et sur le site gouvernemental Géorisques.
Surtout, cette carte illustre un aléa, c'est-à-dire une menace. "L'impact réel est beaucoup plus compliqué à appréhender", nuance Benoît Meyssignac. Il combine l'aléa avec l'exposition (s'agit-il d'un quartier peuplé ou d'une zone agricole ?) et la vulnérabilité (existe-t-il des dunes ou des digues ?). Autrement dit, il ne faut pas déduire que les habitants des régions en rouge auront en permanence les pieds dans l'eau, mais qu'ils sont exposés à des submersions marines temporaires. "Il s'agit de zones susceptibles d'être gagnées par l'eau de mer au cours d'événements extrêmes", comme des grandes marées ou des tempêtes, poursuit Benoît Meyssignac. Et d'ajouter : "Les zones noyées seront beaucoup moins nombreuses." La hausse du niveau des mers a aussi pour conséquence une aggravation de l'érosion côtière.
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Le chercheur, membre du Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales de Toulouse, donne l'exemple de la Camargue. "L'impact de la hausse du niveau de la mer est très différent entre certaines zones agricoles, très exposées et vulnérables, où la mer s'engouffre et salinise les terres, et des villes comme Sainte-Marie-sur-Mer, abritée derrière des digues", détaille-t-il.
Pour résumer, Jean-Luc Mélenchon a raison lorsqu'il pointe l'aggravation d'un aléa. Dans son argumentaire, il précise "si on ne fait rien". Des leviers permettent en effet de jouer à la fois sur l'aléa, l'exposition et la vulnérabilité, grâce à une baisse rapide des émissions de gaz à effet de serre et à des stratégies d'adaptation.
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