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Objects are intercepted in the sky after Iran launched drones and missiles towards Israel, as seen from Ashkelon, Israel April 14, 2024. REUTERS/Amir Cohen
Amir Cohen / REUTERS

Iran-Israël : comprendre le déroulé de l’attaque de Téhéran en dix moments-clés

Par  et  (service vidéo du « Monde »)
Publié le 14 avril 2024 à 16h48, modifié le 17 avril 2024 à 10h58

Temps de Lecture 6 min. Read in English

Dans la nuit de samedi 13 à dimanche 14 avril, l’Iran a lancé, depuis son territoire, trois cents drones et missiles contre Israël. L’attaque est sans précédent de la part de Téhéran depuis la création de l’Etat hébreu, en 1948. Pendant plusieurs heures, le ciel de Jérusalem, du plateau du Golan et du sud du Néguev va être parcouru de traînées lumineuses laissées par les missiles d’interception tirés par le Dôme de fer et certains des alliés d’Israël.

L’offensive est menée en réponse à une attaque aérienne du consulat iranien à Damas, en Syrie, le 1er avril, que le régime iranien attribue à Israël. Seize personnes avaient été tuées dans cette attaque, parmi lesquelles deux généraux des gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime iranien. Le lendemain, le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, avait assuré qu’Israël allait être « puni ». Retour sur dix moments-clés de l’opération, baptisée par l’Iran « Promesse honnête ».

Le fuseau horaire de Tel-Aviv est utilisé dans cet article.

Samedi 13 avril, 10 h 45 : l’Iran saisit un navire « lié » à Israël

Les forces spéciales maritimes des gardiens de la révolution iraniens s’emparent du porte-conteneurs MSC Aries, à une centaine de kilomètres au nord de la ville émiratie de Foujeyra. Si des dizaines d’attaques ont été menées en mer Rouge et dans le golfe d’Aden contre des navires marchands depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, elles avaient été jusqu’à présent revendiquées par les rebelles yéménites houthistes.

Selon l’IRNA, l’agence de presse officielle iranienne, le MSC Aries a été arraisonné parce que ce navire « battant pavillon portugais » est « géré par la société Zodiac, qui appartient au capitaliste sioniste Eyal Ofer ». Israël est fréquemment décrit comme « le régime sioniste » en Iran, qui ne reconnaît pas l’existence de cet Etat.

Samedi, 23 h 12 : l’armée israélienne rapporte que des drones iraniens ont été lancés vers son territoire

« Il y a peu, l’Iran a lancé des drones en direction d’Israël depuis son territoire », communique l’armée israélienne sur son compte Telegram. Dans une allocution télévisée, Daniel Hagari, porte-parole de l’armée, assure « surveill[er] la menace dans l’espace aérien. C’est une menace qui prendra plusieurs heures pour atteindre le territoire de l’Etat d’Israël ». Puis, il déclare travailler « en étroite collaboration avec les Etats-Unis et des partenaires dans la région afin d’agir contre les lancements [de drones] et de les intercepter ».

Samedi, vers 23 h 45 : l’Iran confirme l’attaque, nommée « Promesse honnête »

« En réponse aux nombreux crimes commis par le régime sioniste, notamment l’attaque contre la section consulaire de l’ambassade de la République islamique d’Iran à Damas et le martyre d’un groupe de commandants et conseillers militaires de notre pays en Syrie, la force aérospatiale du corps des gardiens de la révolution islamique a tiré des dizaines de missiles et de drones sur des cibles spécifiques à l’intérieur des territoires occupés », a déclaré la télévision d’Etat en citant les relations publiques des gardiens de la révolution islamique.

L’opération, baptisée « Promesse honnête », a été lancée. Dans les minutes ayant suivi le début de l’attaque, le compte X du Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a republié un message affirmant : « Le régime diabolique va être puni. »

Autour de minuit : Israël annonce fermer son espace aérien

« Conformément aux consignes sécuritaires, à partir de 0 h 30 ce soir l’espace aérien de l’Etat d’Israël sera fermé aux vols internationaux et nationaux », communique l’autorité aéroportuaire de l’Etat hébreu. Dans le même temps, l’Irak, frontalier de l’Iran, et le Liban, voisin de l’Etat hébreu, annoncent la fermeture de leur espace aérien et la suspension du trafic aérien au-dessus de leur territoire. Une heure avant, la Jordanie avait annoncé fermer temporairement son espace aérien en raison de « la montée des dangers ».

Dimanche 14 avril, vers 0 h 20 : Israël annonce réunir son cabinet de guerre

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, lors d’une réunion du cabinet de guerre, à la Kirya, à Tel-Aviv, en Israël, le 14 avril 2023.

Le chef du gouvernement israélien, Benyamin Nétanyahou, réunit, dans une pièce bunkérisée de Tel-Aviv, son cabinet de guerre, constitué de son état-major et de ses plus proches collaborateurs sécuritaires, dont le ministre de la défense, Yoav Gallant, et Benny Gantz, ministre sans portefeuille membre de sa coalition gouvernementale. Après la réunion, M. Nétanhyahou s’est entretenu avec Joe Biden, qui a tenu, de son côté, une réunion de crise à Washington avec ses principaux responsables.

Dimanche, vers 0 h 45 : les houthistes et le Hezbollah attaquent Israël

La société de sécurité maritime britannique Ambrey annonce que les houthistes ont lancé des drones vers Israël en « coordination » avec l’Iran. « Les ports israéliens sont considérés comme des cibles potentielles », a ajouté l’entreprise, en précisant que d’éventuels « dommages collatéraux » aux navires étaient à craindre.

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Le Hezbollah a annoncé, de son côté, avoir bombardé une position militaire israélienne sur le plateau du Golan occupé. Dans un communiqué, le mouvement chiite libanais, pro-iranien, qui mène des attaques quasi quotidiennes contre Israël depuis plus de six mois, a affirmé avoir lancé « des dizaines de roquettes de type Katioucha » sur une caserne israélienne située dans le Golan syrien occupé par Israël.

Dimanche, 1 h 06 : la diplomatie iranienne qualifie « l’affaire » de la frappe à Damas « close » de son point de vue

La mission iranienne à l’Organisation des Nations unies (ONU) explique que, « conduite sur la base de l’article 51 de la Charte des Nations unies, relatif à la légitime défense, l’action militaire de l’Iran répondait à l’agression du régime sioniste contre [les] locaux diplomatiques [iraniens] à Damas », dans un message posté sur X.

« L’affaire peut être considérée comme close », énonce aussi la représentation diplomatique. « Toutefois, si le régime israélien commet une nouvelle erreur, la réponse de l’Iran sera considérablement plus sévère. Il s’agit d’un conflit entre l’Iran et le régime israélien voyou, dont les Etats-Unis doivent se tenir à l’écart ! », conclut-elle.

Dimanche, 1 h 42 : les premières sirènes d’alerte retentissent en Israël

Tirés plusieurs heures plus tôt depuis l’Iran, dont la plus proche frontière se trouve à près de 900 kilomètres d’Israël, des drones et des missiles font leur apparition dans le ciel de l’Etat hébreu.

D’abord concentrées dans le nord et le sud du Néguev, des alertes se font entendre à Jérusalem, trois minutes plus tard (1 h 45). Des explosions dans le ciel, dues au déclenchement de tirs d’interpellation des missiles par Israël dans le cadre de son dispositif défensif Dôme de fer, sont aussi entendues par des journalistes sur place.

Dimanche, vers 1 h 45 : explosions dans le ciel de Damas et de Beyrouth

Des détonations ont retenti dans la nuit en Syrie et au Liban, deux pays voisins d’Israël, constatent des journalistes de l’Agence France-Presse. Au Liban, au moins deux explosions ont retenti dans le ciel de la capitale, Beyrouth. Un autre journaliste, dans la Bekaa, région de l’est libanais, frontalière de la Syrie, a également déclaré avoir entendu plusieurs détonations.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme a affirmé que des explosions ont retenti dans le ciel de Damas ainsi que dans des villes du centre et sur la côte syrienne. L’ONG a ajouté que les explosions étaient dues à « la défense antiaérienne syrienne activée contre les drones et missiles israéliens qui tentent d’intercepter les missiles iraniens ».

Selon les informations du Monde, plusieurs vecteurs iraniens ont par ailleurs été interceptés au-dessus des emprises françaises situées en Irak et en Jordanie. « La France dispose dans la région d’éléments de défense sol-air pour protéger ses forces, ils ont été utilisés pour neutraliser ce qui a survolé nos emprises », a confirmé anonymement une source au fait du dossier.

Dimanche, 8 h 59 : « 99 % des menaces lancées contre le territoire israélien ont été interceptées », déclare l’armée israélienne

Dans une allocution matinale, Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, assure que « 99 % » des plus de « trois cents menaces de divers types [cent soixante-dix drones, trente missiles de croisière et cent vingt missiles balistiques] » ont été interceptées. « Quelques-unes seulement sont tombées sur le territoire israélien », selon M. Hagari, en particulier sur la base aérienne de Nevatim, dans le Néguev. L’armée israélienne a pour l’instant signalé une seule blessée grave, une fillette de 7 ans, touchée à la tête par un éclat d’obus lancé pour intercepter un projectile iranien.

A la demande d’Israël, le Conseil de sécurité de l’ONU devrait se réunir en urgence dimanche. Son chef, Antonio Guterres, a condamné « une grave escalade », à l’instar de nombreuses capitales européennes, dont Paris et Berlin.

Les chefs d’Etat et de gouvernement du G7 – Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni (plus l’Union européenne) –, réunis par vidéoconférence dimanche, se sont dits « prêts à prendre des mesures » contre l’Iran « en réponse à de nouvelles initiatives de déstabilisation ». « Nous exprimons notre solidarité et notre plein soutien à Israël (…) et nous réaffirmons notre engagement en faveur de sa sécurité », disent-ils dans un communiqué diffusé par le gouvernement italien, qui préside actuellement le groupe.

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