À cause de Harry Potter, les chouettes et les hiboux souffrent en Asie

Depuis le succès de la saga créée par JK. Rowling, les rapaces nocturnes s'arrachent sur les marchés aux oiseaux d'Indonésie, de Thaïlande ou d'Inde. Au point d'inquiéter les ornithologues.

Le trafic illégal de chouettes et de hiboux aurait explosé dans certains pays d'Asie depuis le succès planétaire de la saga Harry Potter. (Illustration)
Le trafic illégal de chouettes et de hiboux aurait explosé dans certains pays d'Asie depuis le succès planétaire de la saga Harry Potter. (Illustration) LP/Olivier Corsan

    Ils veulent tous leur Hedwige, du nom de la chouette blanche de Harry Potter dans la saga du même nom. En Asie, le trafic illégal de chouettes et de hiboux sauvages aurait explosé depuis 2001 et l'arrivée sur les écrans du premier opus du film adapté du roman de J.K. Rowling, raconte The Guardian.

    Les ornithologues tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme. Ils en sont convaincus : la popularité de la chouette d'Harry - en réalité son harfang des neiges - a donné envie à des milliers d'asiatiques de posséder à leur tour un tel rapace. Alors que seulement quelques centaines d'entre eux se vendaient sur les marchés aux oiseaux d'Indonésie il y a 16 ans, ce chiffre aurait grimpé à 13 000 en 2016, selon deux chercheurs de la Oxford Brookes University, au Royaume-Uni. Les Indonésiens n'auraient qu'à débourser entre 10 et 30 dollars pour acquérir une chouette ou un hibou.

    «Une fascination étrange»

    Problème, et non des moindres : l'immense majorité de ces oiseaux sont capturés dans la nature. En Indonésie, leur nombre aurait ainsi dramatiquement chuté ces dernières années, assurent les chercheurs britanniques, qui demandent que les chouettes intègrent la liste des oiseaux protégés d'Indonésie.

    Le même phénomène se rencontrerait dans plusieurs autres pays asiatiques, comme la Thaïlande ou l'Inde, poursuit The Guardian. Et celui-ci inquiète tout autant. «Depuis Harry Potter, il semble qu'il y ait une fascination étrange, même parmi les classes moyennes urbaines, pour offrir des hiboux aux enfants», s'est indigné Jairam Ramesh, un parlementaire indien.

    Dès les années 2000 pourtant, la mère d'Harry Potter, J.K. Rowling, avait publiquement dénoncé cette «mode» et condamné la vente de chouettes comme animaux de compagnie. «Si quelqu'un a été influencé par mes livres au point de penser qu'une chouette serait plus heureuse enfermée dans une petite cage et gardée dans une maison, j'aimerais (...) dire avec autant de force que possible "vous avez tort"», déclarait-elle, en réaction à une recrudescence d'abandons de chouettes et de hiboux au Royaume-Uni. «Les chouettes dans les livres d'Harry Potter ne sont pas censées refléter le vrai comportement ou les préférences des hiboux dans la réalité». Une affirmation largement partagée par les spécialistes, qui rappellent que ces rapaces nocturnes ne sont pas faits pour être apprivoisés.