Mathématiques - Éric Charbonnier : « La clé de la réussite est la formation des profs »

Le responsable de l'étude Pisa en France décrypte les tenants de la réussite de Singapour en maths. Une affaire de méthode, mais aussi d'enseignants...

Propos recueillis par

Éric Charbonnier est expert en éducation auprès de l'OCDE, où il est responsable de l'étude Pisa France.

Éric Charbonnier est expert en éducation auprès de l'OCDE, où il est responsable de l'étude Pisa France.

© HAMILTON/REA / HAMILTON/REA

Temps de lecture : 2 min

« Le succès des mathématiques de Singapour dans Pisa ne réside pas seulement dans la méthode d'enseignement. Il tient pour beaucoup à la manière dont les enseignants sont traités et considérés. Là-bas, 70 % des professeurs se sentent valorisés par la société, alors qu'en France, ils ne sont que 5 % (et 31 % en moyenne pour les pays participant à l'étude Talis 2013). Une conséquence de la politique menée par la cité-État, qui a compris qu'on ne pouvait pas réussir sans professeurs bien formés. Ainsi, leur formation initiale les mène dans des classes pour tester les méthodologies pédagogiques, leur formation continue est ciblée sur leurs besoins spécifiques en fonction des obstacles auxquels ils sont confrontés dans leur classe, et le chef d'établissement, très impliqué, impulse une dynamique positive dans son école.

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Mais ce n'est pas tout : les enseignants les plus expérimentés enseignent aux élèves les plus en difficulté, avec cet objectif : l'efficience au service des élèves. Les profs de Singapour sont les plus jeunes de l'OCDE (leur moyenne d'âge est de 36 ans) et leur rémunération, meilleure qu'en France, ce qui incite les bons éléments à intégrer l'Éducation nationale plutôt que de se laisser tenter par le privé, comme c'est souvent le cas chez nous. En début de carrière, un enseignant français gagne la moitié du salaire d'un allemand ; et ceux qui candidatent à ces métiers viennent pour les trois quarts de filières littéraires, et ne sont donc pas les meilleurs scientifiques. Si les enseignants français ne sont pas mieux formés qu'aujourd'hui, comme c'est le cas à Singapour, on aura du mal à améliorer le niveau des élèves.

"C'est tout un état d'esprit qu'il faut modifier !"

Autre point essentiel : les programmes de Singapour s'adaptent aux évolutions de la société, ce qui est indispensable pour créer le lien avec la vie quotidienne. Le recul de la performance en sciences enregistré dans de nombreux pays, comme la Finlande ou l'Australie, lors de la dernière édition de Pisa, est le signe que cette mise à jour est indispensable. À Singapour, comme dans beaucoup de pays asiatiques, où les programmes sont revus et ajustés tous les ans, le nombre d'élèves performants a encore augmenté entre 2006 et 2015.

Ce n'est donc pas seulement en adoptant la méthode de Singapour, que notre niveau en maths s'améliorera dans l'instant. Elle est certes très efficace, mais un décret de loi l'imposant ne suffira pas. C'est tout un état d'esprit qu'il faut modifier ! »

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Commentaires (7)

  • LIBERANE

    Messieurs les commentateurs, merci de cesser de répandre à chaque occasion l'idée que les enseignants sont mal payés... Mettez-vous une bonne fois dans la tête que le niveau du salaire n'est pas lié aux nombres d'années d'études... Il doit correspondre à un travail effectif mesuré en terme de durée et de résultats... Regardez le classement Européen de la France au niveau des résultats, et comptez le nombre d'heures que vous réalisez effectivement en milieu scolaire, et on comprendra que vous êtes super bien payés... Merci d'éviter de nous sortir le coup de la correction des copies à la maison j'ai de nombreux enseignants dans ma famille et je connais leurs activités privées, ainsi que leur taux de présence au lycée... Commencez déjà à faire des semaines de 5 jours, et même avec cela vous ne serez pas à plus de 20 heures par semaine...

  • guy bernard

    Cela me semble etre le bon diagnostic parce que même si on possède son sujet, il faut pouvoir le transmettre ; il faut aussi connaitre les enseignements avant et après la classe où on enseigne ; enfin, il faut travailler en liaison avec les autres matières, parce que les maths sont des outils que d'autres peuvent avoir à utiliser.

  • LIBERANE

    ... Messieurs les professeurs, quand vous traitez vos élèves d'incapables ou de nulles tous les jours de la semaine, soit directement, soit en catimini, il ne faut pas espérer être respecté et estimé en retour... La majorité des professeurs français n'hésitent pas à laisser entendre en public, que leurs élèves sont des abrutis en général... Vous n'entendrez pas ce genre de chose à Singapour... Pour donner envie aux élèves de travailler, il faut commencer par les respecter...