SOCIOLOGIE DU TRAVAIL N° 3-88

NOTE CRITIQUE

Philippe Bernoux

La fin de la division du travail ? (*)

I -La division du travail et ses mythes

Voici un livre qui connaît un indéniable succès. En langue allemande, où il a été écrit, il a été réédité au bout d'une année. En langue anglaise, sa traduction a été rapidement engagée. Il n'a pas fallu attendre longtemps non plus pour qu'en France, le CNRS reconnaissant donc son intérêt scientifique, accepte d'en faire faire la traduction. Autre signe d'intérêt : un large débat s'est ouvert en Allemagne dès la parution. On peut être sûr qu'il en sera de même dans les pays où il pourra être lu dans la langue nationale.

Les raisons de ce succès sont multiples. La première tient au sujet traité, central pour la connaissance et le développement des sociétés industrielles (ou post, ou néo¬ industrielles, peu importe ici). Rappelons que la division du travail a été considérée dès l'aube de l'ère industrielle comme un des facteurs principaux, sinon même comme le facteur central du développement de l'industrie. On nous permettra de rappeler le texte célèbre d'Adam Smith en introduction à son livre Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations : «Les plus grandes améliorations dans la puissance productive du travail et la plus grande partie de l'habileté, de l'adresse et de l'intelligence avec laquelle il est dirigé ou appliqué sont dues, à ce qu'il semble, à la division du travail. » Celle-ci fonde donc le développement de la puissance productive. C'est grâce à elle que les sociétés industrielles ont connu une si grande efficacité, et aujourd'hui ce postulat demeure vrai dans les mentalités de nos contemporains. Elle est aussi, dans la perspective d'Adam Smith, une loi fondamentale des sociétés humaines.

Sociologie du travail. —

0038-0296/88/03 479 10/S 3.00/ © Gauthier-Villars

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