Partager
Politique

D'inutile à obligatoire : chronologie d'une tergiversation française sur le port du masque

Le port du masque va être obligatoire dans les lieux clos en France d'ici le 1er août 2020. Alors qu'il était jugé inutile pour la plupart il y a encore quelques mois. Chronologie d'une tergiversation française.

5 réactions
masques

Deux volontaires fabriquent des masques en tissus pour faire face à la pénurie (Dordogne).

Romain Longieras / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Le port du masque sera rendu obligatoire dans les lieux clos en France au cours de la semaine du 20 juillet 2020. Le décret stipulant cette obligation devrait entrer en vigueur "la semaine prochaine", selon les déclarations du Premier ministre Jean Castex. Le port du masque, tout comme le lavage de mains au gel hydroalcoolique ou au savon et la distanciation sociale, fait partie des gestes barrière essentiels dans la lutte contre la propagation du virus. Et ce, tout particulièrement dans un pays déconfiné.

Pourtant, la position de la France sur le port du masque a considérablement évolué ces derniers mois. Précieuse ressource d'abord en pénurie, le masque est passé d'inutile à indispensable, aussi bien pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS) que pour les gouvernements occidentaux. Appuyée par les résultats d'études, la communauté scientifique, en France comme à l'étranger, n'a eu cesse d'appeler au port du masque afin de réduire la transmission du virus. Retour sur les jalons qui ont rythmé les politiques sanitaires de ces derniers mois.

"Pas de logique à porter un masque"

  • 31 décembre 2019 : la Commission sanitaire municipale de Wuhan, dans la province de Hubei (Chine) signale un groupe de cas de pneumonie. Un nouveau coronavirus est ensuite identifié.
  • 24 janvier 2020 : les premiers cas de Covid-19 sont recensés en France. Il s'agit d'un Français d'origine chinoise et de deux touristes chinois ayant séjourné à Wuhan.
  • 29 janvier 2020 : une note de l'OMS sur le port du masque explique que porter un masque médical "pourrait créer un coût inutile, peser sur l'approvisionnement et créer un faux sens de sécurité qui pourrait mener à négliger d'autres mesures essentielles comme l'hygiène des mains." Ajouté à cela "mal utilliser un masque pourrait faire baisser son efficacité dans la réduction des contaminations."

 

  • 23 février 2020 : le stade 1 du plan Orsan (pour "Organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles") est déclenché en France. Il stipule que "le virus n'est pas en circulation générale dans la population" et doit freiner l'introduction du virus dans l'Hexagone.
  • 26 février 2020 : un premier malade du SARS-CoV-2 décède en France. Il n'y a cependant "pas de logique à porter un masque" pour l'ensemble de la population, selon le directeur général de la Santé Jérôme Salomon.
  • 29 février : dans ses recommandations aux voyageurs, l'OMS explique qu'il n’y a pas lieu de porter un masque médical en l’absence de symptômes, car rien n’indique ‎que le port d’un masque de quelque type que ce soit protège ceux qui ne sont pas malades.
  • En France, le stade 2 du plan Orsan est déclenché après 100 cas de contamination au virus et 2 décès. Il ne s'agit plus de stopper un virus qu'on ne peut arrêter, mais de "retarder la propagation" pour gagner du temps. Il s'agit de laisser au système de santé le temps de se préparer au stade 3, la phase épidémique, et d'éventuellement trouver un remède. 
  • 4 mars : le président de la République, Emmanuel Macron, annonce que l’État réquisitionne "tous les stocks et la production de masques de protection" pour les distribuer aux soignants et aux personnes atteintes du coronavirus.

Pourquoi la France ne dispose-t-elle que de si peu de masques au début de l'épidémie ?

En 2011, deux ans après le début de l'épidémie de grippe A (H1N1), une polémique éclate sur la commande massive de 94 millions de doses de vaccin, alors que seules six millions ont finalement été utilisées. A cette époque, les stocks de masques sont alors très fournis. La France dispose de près d'un milliard de masques chirurgicaux et plus de 700 millions de modèles FFP2. Ces stocks ont un coût : ils doivent être entreposés et les masques périment après quatre à cinq ans (les élastiques risquent de lâcher).

Le Haut Conseil à la santé publique recommande la même année de constituer "un stock tournant", composé de masques chirurgicaux et FFP2. Les masques stockés sont alors libérés pour être utilisés dans les hôpitaux. En 2015, un rapport mentionne que la valeur des stocks "est passée d'un maximum de 992 millions d'euros à la fin de l'année 2010 à (...) à 416 millions d'euros." Le rapport prévient : "La réservation de capacités de production ne peut constituer une solution unique pour prévenir les situations sanitaires exceptionnelles". En clair, l'Etat doit conserver des stocks stratégiques suffisants en prévision d'une épidémie.

Et pour cause. Au début de l'épidémie de SARS-CoV-2 en 2020, l'Etat ne dispose d'aucune réserve en masques FFP2 (contre 700 millions en 2011), de 117 millions de masques chirurgicaux adultes (contre 1 milliard en 2011) et de 40 millions de masques pédiatriques enfants.

A LIRE. Année 2007 et pandémie de grippe : "Nous avons 935 millions de masques chirurgicaux"

"Totalement inutile pour toute personne dans la rue"

5 réactions 5 réactions
à la une cette semaine
Galeries Photo
Vidéos

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications