La mauvaise haleine, ou halitose, nous touche tous un jour ou l’autre, surtout après avoir dégusté des crevettes à l’ail ou une bonne salade de thon. Mais bien que les relents d’ail soient efficaces contre les vampires, ils sont problématiques s’ils deviennent récurrents.
L’haleine émane la plupart du temps, de la bouche, mais aussi des cavités creuses du nez, des sinus ou du pharynx. Les mauvaises odeurs apparaissent lorsqu’il y a une activité intense des bactéries buccales, un écosystème regroupant pas moins de 700 espèces différentes.
Selon une revue de la littérature publiée en 2014 dans Oral Health & Preventive Dentistry, de 22 % à 50 % de la population aurait mauvaise haleine. Celle-ci est causée dans plus de 80 % des cas par les bactéries situées sur la langue.
En se nourrissant des résidus alimentaires, celles-ci entrent profondément dans les interstices de la langue pour s’y multiplier. Résultat de leur digestion : le relargage de composés sulfurés volatils, dont le sulfure d’hydrogène, qui sont malodorants.
Au-delà d’une bonne hygiène buccale quotidienne comprenant brosse à dents et soie dentaire, on se débarrasse des indésirables « en brossant et en raclant la partie postérieure de la langue pour les déloger », suggère Daniel Grenier, professeur à la faculté de médecine dentaire à l’Université Laval, à Québec.
Le menthol, qui entre dans la composition du rince-bouche, du dentifrice et de la gomme à mâcher, peut favoriser une bonne odeur buccale. D’autres huiles essentielles, comme celle tirée de la cannelle, s’avèrent aussi utiles, selon une étude de Daniel Grenier publiée en 2017 dans Archives of Oral Biology. Le chercheur et son équipe ont remarqué que l’huile essentielle de cannelle parvient à réduire l’halitose et à contrer la croissance d’une bactérie en particulier, Solobacterium moorei.
«Chez les individus ayant mauvaise haleine, la bactérie Solobacterium moorei est presque toujours présente contrairement à ceux qui n’en souffrent pas», observe Daniel Grenier.
Si l’halitose est persistante, il est conseillé de consulter un médecin ou un dentiste, car cela pourrait indiquer une infection des gencives ou des voies respiratoires, ou encore un problème de digestion.
Côté anecdote, sachez qu’un Torontois s’est déjà rendu à l’urgence, devant l’insistance de sa femme, en raison d’une haleine insupportable! Un médecin a extrait de sous sa langue une pierre calcaire de 23 mm qui bloquait un canal salivaire depuis une vingtaine d’années. L’odeur putride de fromage bleu a plané dans la pièce pendant des heures. On comprend mieux l’obstination de sa conjointe!
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Un rince-bouche qui n’en était pas un
Le rince-bouche Listerine rafraîchit l’haleine, mais il ne fut pas utilisé comme tel dans le passé. Développé en 1879, on s’en servait comme désinfectant chirurgical, nettoyant pour les planchers, produit contre les pellicules ou encore traitement pour la gonorrhée ! C’est à partir de 1914 que Listerine est commercialisé comme rince-bouche.